Dom Guy Alexis Lobineau

Dom Guy Alexis Lobineau (°1667 à Rennes,+1727 en l'abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer)

Il effectue sa formation monastique à l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes en 1683. 
C'est un moine bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, écrivain-historien ecclésiastique. Il est pressenti pour ecrire une nouvelle Histoire de Bretagne* en deux volumes (1707), financée par les États de Bretagne. Le contenu de cet ouvrage suscita quelques polémiques dirigées par certains autres historiens et par la famille de Rohan. 

Dom Lobineau écrivit également l'Histoire, ou vies des saints de Bretagne, que l'Église honore d'un culte public, et des personnes d'une éminente piété qui ont vécu dans la même province, avec une addition à l'histoire de Bretagne en 1723.

* L'Histoire de Bretagne, écrite par Dom Lobineau,  a été revue, corrigée, augmentée par Dom Morice puis de nouveau revue, corrigée, augmentée et renommée  par Dom Taillandier, Histoire ecclésiastique et civile de la Bretagne. 

Histoire de Bretagne (Tomes 1)



Histoire de Bretagne Tome 1, livre 14. Extrait de la page 503 : XCV Ravages des Anglois en Bretagne

En revanche, Guillaume de Wilford Escuier Anglois, avec une flotte montée de , six mille hommes , prit sur les costes de Bretagne quarante navires chargez de fer, d'huile, de savon & de vin. Il en brusla quarante autres, & abordant à Penmarc, il brusla tout le païs, et saccagea les environs ; il mit le feu aux faubourgs de S. Mahé, vers le commencement de novembre & fit un grand carnage païs d'alentour. Les Bretons prirent les armes tumultuairement, & le lendemain combatirent à forces égales. Les Anglois soutinrent la premiere décharge, & puis se jetterent sur les Bretons, qu'ils defirent entierement , aprés quoi s'estant rembarquez, ils acheverent d'enlever tout ce qui estoit sur la coste.

Histoire de Bretagne Tome 1, livre 22. Extrait de la page 833 : LXXXIV Descente des Anglois à Penmarch

Peu de tems aprés les ennemis, pour avoir leur revanche des desordres que les François & les Bretons avoient faits en Angleterre, firent une descente auprés de Penmarch ; bruslerent plusieurs villages, aprés les avoir pillez ; tuerent & violerent ; & menaçoient d'estendre encore leur vengeance plus loin, si le Grand Maistre d'Hostel de Bretagne aïant assemblé les Communes en diligence, ne les eust contraint de regagner leurs navires.


Les vies des saints de bretagne



Les vies des saints de Bretagne - Extrait des p. 39 et 40
(NB : St Nonna, St Vouga et St Vio sont le même saint)

--/--
St Vouga ou St Vio,
Evêque et confesseur
VIème siècle


Que saint Vouga , autrement nommé saint Vio , ordonné Evêque en Irlande, ait, comme plusieurs autres Saints, abdiqué une dignité à laquelle on l'avoit élevé malgré lui, & dont son humilité faisoit qu'il se regardoit comme indigne ; qu'à l'exemple de tant de pieux étrangers qui sont venus dans le VIeme siécle sanctifier les solitudes de la Bretagne Armorique, il ait passé dans cette province , & soit abordé au havre de Penmark ; qu'il ait demeuré dans la ville de ce nom ; qu'il y ait prêché, & fait plusieurs oeuvres merveilleuses ; qu'il ait bâti un Ermitage à une demie-lieue de la ville, & qu'il y ait fait quelque séjour ; que la trop grande affluence du peuple l'ait obligé à se retirer ailleurs, & que le lieu de sa seconde retraite ait été dans une forêt auprès de Lesneven, où il s'associa plusieurs autres solitaires, avec lesquels il finit saintement sa vie ; il n'y a rien là qui passe la vraisemblance. Mais que Saint Vouga ait été Archevêque d'Armach ; qu'un rocher des côtes d'Irlande lui ait servi de voiture pour passer la mer ; qu'après que S. Vouga fut abordé à Penmark , ce rocher s'en soit retourné au même lieu d'où il avoit été séparé à la reserve d'une petite portion où étoit marquée l'empreinte de la tête du Saint qui se voit encore dans le cimetière de la Chapelle qui lui est dédiée dans la paroisse de Treguennec, à une lieue de PenmarK ; qu'une femme insolente qui disoit des injures au Saint, ait été punie subitement d'une mort affreuse causée par la sortie de tous ses intestins, & que le Saint l'ait ressuscitée sur se champ ; tout cela n'est ni vrai, ni probable, & ne doit faire aucune impression sur l'esprit de ceux qui sont persuadez que le vrai Dieu ne peut être honoré par le mensonge, & que c'est se tromper lourdement, que de croire que ceux à qui le vrai Dieu a dit : Vous étes mes amis, puissent agréer qu'on emploie la fausseté pour embellir leur histoire. Le Père Albert le Grand trop fidèle copiste de tous les récits fabuleux qu'on a voulu lui fournir, met la mort de S Vouga le 15 de Juin l'an 585. II ajoûte que son corps fut enterré par ses Religieux sous l'Autel de sa Chapelle & que la forêt aïant été extirpée, on y bâtit une Église qui porte encore aujourd'hui son nom & qui fut érigée en Paroisse par S. Tenenan, Evêque de Léon ; que ses ossemens levez de terre, y furent conservez avec beaucoup de respect jusqu'au tems des ravages des Normans, qu'ils furent enlevez hors de la Province pour empêcher qu'ils ne fussent prophanez par les barbares. Cependant on en montre encore quelque partie dans la Chapelle saint Vio sur les grèves de Penmark, dans la Paroisse deTreguennec avec un Missel qu'on prétend qui a servi à ce saint homme , & le morceau de roc où l'on s'imagine voir l'empreinte de la tête ; tous restes précieux qui sont souvent ses instrumens dont Dieu se sert pour opérer des guérisons miraculeuses. Le même auteur dit qu'il a vû d'anciennes leçons de saint Vouga dans un manuscrit de l'Abbaye de saint Mathieu, ce qui prouveroit, s'il étoit vrai que l'on faisoit autrefois l'office de faine Vouga dans l' Evêché de Leon ; mais sans cela les Eglises dédiées en son honneur prouvent assez qu'on lui a toujours rendu un culte religieux en Bretagne.